Avec Marco/Paulo au pic de la Journalade...
Nous étions 9 au départ : Nadine, Christiane et François, Sylvie 1 et Sylvie 2, Danielle, Claude, Paulo et Marco. Deux seront légèrement en retard. On leur pardonne. Sans doute habitent-ils loin du point de RDV!
Dès l'arrivée au col de Port, le vent s'engouffre dans nos blousons ! Des chasseurs au regard avisé, affolent de minuscules palombes, haut dans l'azur. Nous souhaitons vivement que leur sens de l'observation ne nous confonde pas avec quelques grues cendrées ou pintades domestiques. L'ascension première se fera dans le silence : pas de volatile cacabant parmi nous, le souffle est court et réservé à l'effort qui restera soutenu une heure durant, jusqu'à la crête. Les descentes et les montées se succèdent justifiant des arrêts pour remettre ou ôter les couches. Seul Paulo restera les bras nus totalement insensible au zéphyr qui jadis accompagnait d'autres aventuriers vers la Mongolie... Le sentier bien marqué se creuse parfois telle une minuscule rigole laissant à peine la place pour nos houseaux et godillots. Christiane et François nous accompagneront jusqu'aux gendarmes avant de faire demi-tour : un répit pour partager les amandes avant d'accéder à un groupe de rochers hostiles. Paulo, chef de file, conforte ses choix de passage par un acquiescement de Marco. Et nous voilà quatre filles encadrées par deux hardis casse-cou, poussées vers des parois d'escalade où nous nous accrochons, confiantes, aux prises en relief, tandis que le pied tâtonne à la recherche d'un point d'appui fiable. Le sommet n'est plus loin, le casse-croûte non plus.
Le temps de pause sera raccourci, le zéphyr transformé en vent fou nous pousse vers la pente descendante exemptée de trace. Dans ce chantier, d'énormes touffes glissantes de gispet décoiffé contrarient notre recherche permanente d'équilibre. Les myrtilliers aux magnifiques couleurs automnales nous offrent quelques baies aux jolies teintes bleu-noir mais hélas insipides. Nos chevilles flageolent, nos genoux grincent dans cet environnement de végétation sauvage, enchevêtrée, spongieuse, moussue. Notre regard scrute la piste invisible. Peut-être suivre le ruisseau serait-il plus judicieux ? On inspecte à nouveau la carte, on jauge l'effort, on ne veut surtout pas décourager les filles dont certaines expriment leur agacement dans cette pente herbeuse, ce flanc instable. Mais là, tout à coup, toutes les bougonneries s'envolent : un superbe izard nous regarde, attentif à notre déplacement. Quelle grâce, quelle allure ! Il est splendide ce sage maître des lieux, ridiculisant nos pas trébuchants, d'un bond joyeux.
La cabane de Doule dans le creux du vallon sera notre objectif. Nouvelle pause dans un paysage coloré des grappes rouge-orangé des sorbiers des oiseaux, magnifique tableau évocateur d'estampes japonaises. Le sol piqueté de colchiques nous incite à une bucolique flânerie mais le chemin est encore long... très long... bien plus long que ce que nos guides pertinents nous laissent entendre. Le petit bois sera traversé avec enthousiasme : "plus que 45 m de dénivelé" nous a annoncé Paulo... On entre dans la forêt, sûres enfin de toucher au but, puis on suit le chemin forestier, puis on arrive à la cabane pastorale d'Estibat, puis on regarde encore où passer : par la gauche ? derrière la cabane ? Puis on remonte la crête. Puis... puis... puis on n'en peut plus !!! Plus que 15 mn... annonce le GPS menteur.
A bout de souffle nous ne pourrons qu'apprécier la bière ou le thé, affalés en terrasse de l'auberge du col inondée d'un délicieux soleil automnal.
Belle, très belle rando, juste un peu fatigante, un tout petit peu... Merci Marco/Paulo pour ce beau voyage...
Danielle Duban