Samedi 20 au dimanche 21 septembre 2014, Encadrant Marc
Circuit par les lacs de l´Oule, d'Aumar, d´Estibère, Gourguet et Bastan depuis le parking d´Artigusse.
9h - Depuis le parking on rejoint le lac de l'Oule par le chemin EDF. De là, Pierrette et Bernadette choisissent de rejoindre tranquillement le refuge par le GR10 tandis que nous rejoindrons le lac d´Aumar par le col d´Etoudou.
Nous, nous prenons la direction du col d´Aumar que nous atteindrons vers 12 h 30. Pause déjeuner, coup de rouge, de rosé pour certains.
La météo reste incertaine.
Nous redémarrons vers 13 h, traversons le vallon laissant sur la droite les lacs d´Estibère. Après avoir passé le lac du Gourguet, nous rejoignons le sentier qui monte au lac de Port Bielh que nous quitterons au niveau d´une cabane (absente de ma carte)) vers 2200 m. 15 h 45 : Gérard évalue la bière à 16 h 30 ; certains doutent. Nous prendrons à droite pour passer sous le pic de Bastan et rejoindre un collet où Pierrette et Bernadette nous attendent. Grand soleil.
De là, nous atteignons le refuge. Il est 17h.
Total positif : 1300 m
Pic du Bastan (2715 m) depuis le refuge du même nom (2250 m)
Lendemain vers 8 h, direction le col du Bastan et pour certains le pic.
Le GR10 nous mène au col en passant par le lac supérieur.
On suit d´abord plus ou moins la crête pour ensuite contourner par la droite, sur un sentier visible mais un peu exposé. Etre attentif car le caillou est dégueulasse. Nous atteignons le sommet, il est 9 h 45. Météo bonne. Très beau panorama.
Historique de la construction du refuge " Le Bastanet "
En préambule, rendons une fois encore un hommage à la mémoire de Charles Boutounnet à l'origine de la création de la section ski-montagne, de la construction du chalet du Batoua à Saint-Lary (alors que la station n'existait pas !) et d'un patrimoine exceptionnel pour l'ASPTT de Toulouse qui devint ainsi dans les années 1990 le plus important club Omnisport du Sud-Ouest avec 35 sections et plus de 5000 adhérents.
Après la construction des chalets de Saint-Lary : Le Batoua (1953) de la Mongie et Sari (1958), le groupe Montagne de l'ASPTT Toulouse qui organise, sous la présidence de Charles Boutonnet depuis 1956, un camp de montagne au mois de juillet, a pensé établir une étape pour les skieurs montagnards entre les deux chalets.
Fréquentant souvent le "Triangle blanc" entre St Lary - La Mongie - Barèges, l'idée d'un refuge est lancée dès 1965.
En 1970, j'effectue avec Claude Volatier un repérage à Aumar où subsistent d'anciennes baraques de chantier.
Puis à Noël 1970, avec le président, une visite vers les lacs de Bastan, plusieurs fois parcourus, nous séduit plus qu' Aumar où d'ailleurs une route est envisagée.
Plusieurs endroits près du lac du Milieu paraissent intéressants mais le piolet est planté à Noël 1972 sur un promontoire qui assure une vue sur le lac mais aussi une visibilité depuis le col du Bastanet (et aussi depuis la crête de Graoues blanques, possible à ski) et près d'un itinéraire du GR10.
Commencèrent alors les multiples difficultés administratives et recherches de financement. Concernant le type de construction, nous fûmes aidés par le fait qu'un autre refuge, "le Campana de Clotou", venait d'être construit en 1971 de l'autre côté du col de Bastanet par le C.A.F de Bagnères-de-Bigorre et l'entreprise SOULE selon les plans de Monsieur Dalles, architecte. Cette entreprise était aussi spécialisée dans la construction des Wagons-Poste.
Entre "PTT", nous allions nous entendre...
Le financement assuré sous le patronnage du comité des Pyrénées de la FFM, par le service de la jeunesse et des sports des Hautes-Pyrénées, fut grandement facilité car j'avais sympathisé 20 années plus tôt avec son directeur lors d'un stage au CREPS de Lespinet.
Il était en sélection Foot-ball et moi Rugby !...
L'aménagement des Pyrénées prévoyait la construction d'une vingtaine de refuges de ce type. En fait, trois le furent : Le Campana de Cloutou, Le Bastanet et Barroude .
La commune de Vieille Aure ayant bien voulu consentir la location du terrain nécessaire à l'implantation du bâtiment, nous nous sommes engagés à reconstruire un refuge de berger.
Encore quelques tracasseries administratives avec les eaux et forêts, le Ministère de l'Agriculture et même les Sites et Monuments de France...
Le premier coup de pioche est donné le 10 juin 1973 lors de ce que nous appelions : "camp de travail " (forcé, diront certains !).
Dès août, les gros travaux sont terminés grâce au professionalisme des employés de la maison SOULE et la dextérité de Georges Rigaut, pilote et patron d'HELI-UNION. Septembre, octobre, novembre seront consacrés à l'aménagement intérieur : menuiseries, plomberie, peintures etc. avec l'aide importante des Ouvriers d'Etat des Ateliers de la DRT.
Elisabeth, première gardienne, ex-employée du Central Téléphonique de Toulouse découvre son château et fait apprécier ses talents culinaires.
Nous n'allions pas laisser passer l'hiver sans aller vérifier comment se comportait le refuge sous la neige et nous avons été servis... Fin décembre la neige atteignait le faîte du toit et les "4 mousquetaires" adeptes du Ski-Alpinisme, Dédé, Kurt, Patrick, et moi-même eurent toutes les peines pour entrer dans le refuge.
Celui-ci n'étant pas encore équipé, nous avons construit un igloo et y avons mangé et couché !
En février 1974, une collective ski-rando fait découvrir à 27 participants le refuge sous la neige et le soleil.
Mai, juin c'est la reprise des travaux. Avec Georges, nous construisons les escaliers et la terrasse qui abrite la fosse septique.
Le 29 juin, nouveau camp de travail : c'est le creusement d'une tranchée de 196 mètres dans la rocaille pour enfouir la canalisation qui, partant d'une prise d'eau au lac Supérieur, amènera l'eau au refuge. Certains eurent des difficultés pour tenir le stylo le lundi...
L'été fut consacré à fignoler les finitions et à la préparation de l'inauguration.
Le 13 octobre 1974, Charles Boutonnet coupa le ruban tricolore avec le préfet de Bagnères et le président de la FFM devant plusieurs personnalités dont un invité prestigieux André Turcat, 1er pilote du Concorde.
Le 23 septembre 1984 fut fêté le 10ème anniversaire. Le 25 septembre 1994 une grande fête pour le 20ème, le 19 septembre 2004 pour le 30ème et tout dernièrement le 21 septembre 2014 pour le 40ème.
L'approvisionnement du refuge fut longtemps assuré par héliportage d'HELI-UNION et son entretien par des bénévoles dont Jeannot et Etienne.
Le gardiennage a été assuré par Elisabeth Destangues, Jean-Baptiste et Sylviane Bessagnet, Jacques Sabadie, mis à disposition par LA Poste et France Télécomms dans le cadre de l'aide à l' ASPTT.
Actuellement un contrat de gestion est passé entre l'ASPTT Toulouse et Cédric et Stéphanie Héluin.
Le Bastanet dont la fréquentation ne cesse d'augmenter, a plusieurs fois bénéficié d'articles élogieux dans diverses revues. Alpirando l'a qualifié de "repaire des bienheureux, petit coin de paradis lacustre".
Ne va-t-il pas devenir accessible aux personnes en situation de handicap par l'ouverture prochaine d' un chemin adapté aux joëlettes (fauteuils tout terrain uniroue avec brancards) ?
Poussés par Charles Boutonnet, il nous a fallu un peu de culot et beaucoup d'envie et d' enthousiasme pour aller bâtir, à 2240 mètres, ce "petit monument", symbole pour l' ASPTT Toulouse et notre fédération.
Après pus de 40 années, un nombre croissant de montagnards mais aussi de simples promeneurs le fréquentent.
Puisse-t-il perdurer encore longtemps !
Jean Pierre DELMAS
2014